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Tango, mon cher tango…

Tango, mon cher tango, je t’adore, et en même temps je te déteste…

Depuis que je te connais mes semaines sont bien remplies, je n’ai pratiquement plus le temps de faire autre chose que de courir les milongas et les festivals.

Mais depuis quelques temps il m’arrive d’entrer dans une milonga et d’en ressortir une heure plus tard pour rentrer chez moi, me caler dans mon fauteuil et lire un bon bouquin…

Que se passe t il ? C’est grave docteur ?

Récemment une amie tanguera me disait qu’elle en avait marre de marcher à reculons et qu’elle avait décidé de faire un break. Why not? Je n’avais jamais vu le tango sous cet aspect…

Pour d’autres tangueras c’est le raz le bol d’attendre le prince charmant, je veux dire le tanguero attentionné, assise sur une chaise au bord de la piste…Depuis le temps qu’on vous le dit qu’il faut circuler, aller au devant, sourire, faire la belle…Y en a qui ne veulent pas écouter !…

Côté tangueros on est dans le concret. Comment se fatiguer le moins possible, donc repérer les meilleures danseuses, celles qui savent garder leur axe, qui réagissent au quart de tour…et si en plus elles sont mignonnes…. surtout en fin de soirée quand la fatigue se fait sentir… ?

Faut-il comprendre que toute cette « passion » pour la danse n’est en réalité qu’une mascarade, un jeu de séduction auquel certains s’adonnent volontiers quand ils (elles) savent qu’ils ont quelques bonnes cartes en mains ?

Je m’égare, je vais me faire taper sur les doigts…Donc le tango est réellement une affaire de passion ! Il n’y a qu’à regarder les visages transcendés des danseurs (danseuses) figés sur les photos prises dans les milongas / festivals / encuentros – j’ai trouvé d’ailleurs que certains participants aux encuentros avaient un regard plus lointains et souriaient un peu moins que les autres, signe peut être d’une descente plus profonde dans la béatitude créée par le lien intense qui unit les deux danseurs…mais ce n’est qu’une impression.

Donc la passion est là, il n’y a qu’à regarder, admirer le travail, envier le résultat, applaudir devant tant de beauté et d’émotion !…

Ceux qui ne savent pas profiter de ces moments là ont certainement encore quelques progrès à faire, quelques techniques à apprendre, quelques règles à respecter peut-être…

Comment conclure cette petite note d’humeur ?

Je sais que je ne suis pas encore mûr pour basculer dans le monde adulte (dans le sens rigoureux, sérieux) du tango argentin pratiqué par la majorité des tangueros d’aujourd’hui, ou du moins ceux qui se manifestent dans les réseaux sociaux.

J’ai envie de décontraction, de plaisir, de bonne humeur, de belle musique, d’un peu d’anarchie même…

Envie de rester dans une cour d’école plutôt que de jouer dans la cour des grands…

A bientôt dans la cour…

Claude Gosselin

Commentaires de la publication précédente:

lagrima

dim, 28/09/2014 – 17:33

Marcher à reculons, attendre, se faire marcher sur les pieds, attendre, entendre toujours la même musique, attendre, s’ennuyer, attendre. Croiser des visages trop sérieux, recevoir des remarques professorales, faire semblant. 

NOISETTE

lun, 29/09/2014 – 18:53

« Tango je t’adore et je te déteste »… Claudio, nous nous rejoignons mais pas pour les mêmes raisons…

La différence essentielle entre nous est que tu es un tanguero, et moi une tanguera. Cela veut dire que sur nous, consciemment ou inconsciemment pèsent  tous les stéréotypes de notre culture occidentale, ou si tu préfères de notre culture latine.

Tu le sais, vous messieurs vous choisissez : la partenaire, la musique qui vous inspire, la danse où vous êtes à l’aise pour inviter… « MARCHER à RECULONS », au sens propre peut être un vrai bonheur quand la jambe s’allonge sans fin parce que le partenaire guide avec son buste…  à moins que ce soit une image utilisée  par cette tanguera  pour exprimer  une régression du rapport Homme-Femme dans cette danse.

Alors oui ! «Tango  je te déteste » quand tu me mets dans cette dépendance de l’invitation, quand tu me mets dans ce rôle où je dois déployer mon charme, mon sourire pour donner envie, où je dois utiliser des stratégies pour être en vue…, où je dois accepter encore avec le sourire ou en silence des leçons du partenaire… OUI ! C’est RECULER  quand dans la vie de tous les jours nous souhaitons, nous aspirons à la parité  et nous y sommes parvenues !

« Tango je te déteste »,  parce que je suis lasse de la mise en scène des narcissismes, scène où s’accuse ce trait de personnalité, scène qui rend pitoyable ceux qui s’y adonnent, scène  qui m’attriste parce que je souhaiterai  des individus plus adultes…

Mais Claudio je te rejoins je pense,  quand tu écris : «Tango je t’adore » !  Oui je t’adore parce que  j’aime ta musique, j’aime les vibrations, l’énergie que tu m’insuffles,  l’émotion qui résonne dans mon corps, qui  dilate mon thorax… et  le souffle du bandonéon devient ma respiration  bandonéon…

« Tango je t’adore » parce qu’il peut se produire parfois une alchimie indéfinissable  générée en même temps  par certaines musiques et par l’entente avec le partenaire, magie dont on est en attente, que l’on  désire, qui hélas ne devient pas toujours plaisir… Serait-ce cet espoir entretenu, ce plaisir attendu, qui nous fait durer dans ce sentiment ?

En fait Claudio je te rejoins, quand nous disons « Tango je t’adore, Tango je te déteste » : n’est-il pas à l’image d’une personne pour qui nous entretiendrions des sentiments contradictoires pour le moins ambivalents et donc objet de passion ! Mais nous savons… ou on nous a dit que la passion  ne dure pas…

Cricou

mar, 30/09/2014 – 12:34

Tanguero, je comprends tout à fait la déception des tangueras, qui les conduit parfois au retrait.

Aujourd’hui, comme hier (et avant hier), la milonga semble taillée pour les hommes pour lesquels tout est plus facile, sans être forcément simple.

Ainsi, rares sont les fois où je n’en tire pas le plaisir que j’en attendais et quand c’est le cas, c’est presque toujours de ma faute : je n’aurais pas dû venir : pas assez d’envie, pas assez disponible (fatigue, esprit ailleurs)…

Mais tout de même, je ne peux m’empêcher de penser que les meilleurs « leviers du changement » (après tout pourquoi ne pas « manager » un peu sa vie ?) se trouvent chez les tangueras, comme ils se trouvaient et se trouvent encore chez les femmes dans la vie de tous les jours ?

Alors, pour ne pas marcher à reculons, le mieux n’est-il pas d’aller de l’avant ?

A part quelques dinosaures et autres narcissiques, la plupart des hommes ne demandent qu’à être invités, l’enquête de Tangopostale, répercutée et commentée par Danslesol, le montre clairement. Oui, nous sommes un certain nombre à ressentir le mal-être de beaucoup d’entre vous. Nous essayons, parfois, pas toujours j’en conviens, d’y répondre. E

Je profite du clavier pour vous exprimer aussi que devant des comportements inadmissibles il faut savoir dire non : j’en ai encore eu l’expérience dimanche 28 septembre à la DOS où un individu qu’on ne saurait qualifier de tanguero a malmené plusieurs tangueras, parfois jeunes et inexpérimentées, de manière indmissible à mes yeux et à ceux des personnes avec qui j’en parlais, les secouant pour les amener dans des positions aberrantes et parfois choquantes. J’ai constaté avec plaisir que plusieurs d’entre vous ont refusé son invitation. Raison de plus pour vous inviter (et non vous ostraciser alors que c’est lui qui devrait l’être!).

Christine Z (non vérifié)

mer, 16/08/2017 – 19:08

Mais oui Claude voila qui exprime tout ce que je n’ai pas eu le temps de t’exprimer l’autre jour. Merci. Un raz le bol de tourner en rond autant que de marcher à reculons, d’attendre le bon plaisir des tangueros … d’assister à tout ce narcissisme, cette mise en scène de Soi-même , pour séduire ….le temps d’une danse et retourner à l’anonymat ensuite. J’aime la musique de tango je baigne dedans depuis 40 ans, je chante les tangos je connais les paroles par coeur, je suis addict. Je décide de m’éloigner et je reviens …prise à un piège. Le tango c’est la Grande solitude, l’excitation puis la fatigue, les retombées dans le vide après des nuits sans sommeil. Je constate chez certains depression et tristesse, des douleurs partout .. le dos, les genoux , les hanches … au fond le tango serait la mise à distance de la rage et de la colère de ne pas trouver satisfaction à la Vie …. la question du sens à éviter … réflexion silence. Griserie vaine pour éviter la conscience de l’âge, aussi les tangueros et tangueras ne sont pas de prime jeunesse ….. L’autre jour ne dansant pas je regardais tous ces couples tourner en rond …. toujours les mêmes pas , les mêmes musiques, le même d j vieil adolescent rond comme un bébé qui aurait besoin d’être bercé , …..et concentré sans un sourire, absent.   J’ai ressenti le ridicule de la condition humaine dans sa tragédie du manque impossible à combler. Tango musique d’émigrés, de déracinés en proie à un manque inguérissable … bien sur il y a chez les pro le côté sportif performances comme peut l’être le rap ou d’autres danses mais dans les bals où il n’y a plus performance il y a la nostalgie et la tristesse du paradis perdu … ce vert paradis des amours enfantines. J’aime le tango dans les bras d’un homme que j’aime … je n’avais jamais dansé dans ma Vie qu’essentiellement avec une personne aimée, surtout le tango, et je découvre en Europe et en ces temps ce grand manque et ce grand besoin d’amour, de tendresse, et comment les gens cherchent consolation. Voila Claude ce que je pense et je me réjouis d’avoir d’autres passions moins mélancoliques où le rire, l’humour et la joie ont leur place.

Nicole B (non vérifié)

mer, 18/10/2017 – 18:38

A la lecture des commentaires qui précédent, je ne vois que description de lassitude et d’ennui avec malgré tout cet amour inconditionnel du tango. A mon sens la vraie question est : que cherchons nous dans le tango et que nous apporte t- il ? Il faut éloigner  les pédants et les pseudo professeurs, faire fi de ceux qui nous ignorent. La plupart des tangueros sont courtois et attentionnés. Les milongas sont le reflet exacerbé de la vraie vie. Donc faisons comme dans la vraie vie !!! Prenons le bon, savourons les moments si parfait d ‘harmonie et de communion. Comme le préconise Cricou, devenons actrices  et manifestons nos désirs de changement. Et puis cessons de penser qu’à TOUTES les milongas  ce sera l ‘extase. Au cinéma tous les fims ne nous plaisent pas, au restaurant tout n ‘est pas toujours parfait,   il est normal que selon notre humeur les milongas nous paraissent décevantes. ..mais ainsi va le tango et c’est aussi pour cela que nous l’adorons !!! Il faut avoir un regard de second degré ….s’amuser des mesquineries des uns,  des travers des autres et rire avec les tangueras et les tangueros que nous apprécions  ( et il y en a beaucoup) le reste n’à pas grande importance ….Le tango n’est qu’une danse ….